La fatigue de compassion : un épuisement émotionnel et physique lié à une exposition répétée à la souffrance…
Des chercheurs ont constaté que certains soignants ressentaient un profond mal-être très différent de l’épuisement professionnel s’inscrivant plus particulièrement dans la relation thérapeutique entre le soignant et le soigné.
Ce concept est maintenant reconnu comme la « fatigue de compassion ». Il fait référence à « un état d’épuisement et à une saturation de la relation thérapeutique »
Cette fatigue se produit lorsque le soignant perd sa capacité à prendre soin, à être empathique ou à éprouver de la compassion. Dans un tel état, le soignant pourrait démontrer une hypersensibilité et une intolérance face aux émotions des patients, voire de ses proches. Il peut ressentir une impression de vide, ne plus se sentir aidant et fera de l’évitement.
Comment reconnaitre une fatigue de compassion ? Quels sont les signes ?
- Un épuisement profond, tant physique qu’émotif.
- De la colère, de l’inquiétude, de l’anxiété, voire de l’intolérance.
- Un sentiment de détachement et/ou de perte d’intérêt.
- Un très fort sentiment d’impuissance.
- Une forte émotivité.
- Un besoin de s’isoler.
- Une remise en question de l’humanité et du sens de la vie.
- Des difficultés de sommeil, de la fatigue, de l’épuisement.
- Des troubles de l’alimentation, etc.
Un proche aidant, du fait de son investisse- ment et de sa polyvalence, pourra aussi ressentir cette usure ou épuisement physique et émotionnel conduisant au constat d’une fatigue de compassion.
Mais alors, comment prendre soin de soi tout en prenant soin de l’autre ?
Une approche bienveillante est primordiale :
- Prendre un moment de recul afin d’identifier les sources de stress et ensuite reconnaitre la problématique
- Identifier ce qu’on peut changer et ce que l’on ne peut pas changer. Se demander : «qu’est-ce qui est en mon pouvoir?»
- Avoir une bonne hygiène de vie : bien s’alimenter, bien dormir, pratiquer une activité physique, veiller à un meilleur équilibre des émotions
- Se ressourcer en faisant de la relaxation, de la méditation, de la respiration ou cohérence cardiaque, de la marche consciente… des aides précieuses pour évacuer son stress
- S’adonner à des activités (loisirs, culturelles, etc.), garder une vie sociale.
- Prendre un engagement envers soi-même : mettre ses limites et connaître ses propres limites avant de les atteindre (temps, répit, priorité, attentes réalistes, niveau d’énergie, sens de son engagement, motivations, etc.)
- Aller chercher de l’aide et du soutien (soutien social et professionnel)
- S’entrainer à recevoir et à apprécier l’affection et le soutien des autres.
- Pratiquer la bienveillance envers soi-même : ne pas juger ses pensées ou ses émotions. Se comporter avec soi comme on le ferait avec son meilleur ami qui traverserait des difficultés avec gentillesse et compréhension.
En résumé : nous « prêtons notre système nerveux aux personnes en souffrance à chaque séance et nous avons donc le devoir d’en prendre soin pour nous-mêmes et pour eux » .