Voies d’utilisation des huiles essentielles en naturopathie

La voie respiratoire

Que ce soit par diffusion ou inhalation (sèche ou humide), les HE pénètrent dans les voies respiratoires et atteignent le système limbique, zone du cerveau qui régit les émotions et le comportement.

C’est une voie d’administration simple et rapide.

La diffusion se fait généralement à l’aide d’un diffuseur qui chauffe modérément l’HE ou le mélange d’HE de manière à permettre leur évaporation. La durée des séances de diffusion ne doit pas excéder 15 min par heure. La diffusion doit se faire en l’absence d’enfants dans la pièce. Pour la quantité d’HE à disposer dans le diffuseur, il est recommandé de se référer au mode d’emploi du fabricant. En l’absence de diffuseur, il est possible de verser une dizaine de gouttes dans une coupelle d’eau placée près d’une source de chaleur. La diffusion est généralement utilisée pour assainir l’environnement.

L’inhalation humide consiste à mettre quelques gouttes d’huiles essentielles dans un bol d’eau bouillante et à respirer les vapeurs, 3 fois par jour maximum.

Il est recommandé de réduire le nombre de gouttes si les muqueuses nasales sont un peu enflammées. L’inhalation humide est surtout employée pour les problèmes de la sphère ORL (huile essentielle d’eucalyptus globulus ou radiata, pin, niaouli, tea tree…).

L’inhalation sèche est une version plus simple de l’inhalation humide qui peut se pratiquer partout et de manière rapide. Elle consiste à imprégner un mouchoir avec quelques gouttes d’HE et de respirer à fond, plusieurs fois dans la journée. Il est recommandé en général de mettre 2 à 3 gouttes sur le mouchoir.

L’application de quelques gouttes (environ 1 -2) sur les poignets pour une respiration directe est également une technique rapide pour un soin « express » ou en réponse à un problème d’ordre psychologique. Elle permet de combiner une action respiratoire et générale (par pénétration cutanée). Ex : Ylang-Ylang ou Lavande vraie

La voie orale

La règle importante à retenir lors de la prise orale d’HE est ne pas les prendre pures, il existe cependant quelques exceptions (l’HE de lavande vraie, l’HE de menthe poivrée, les essences obtenues à partir des zestes de Citrus par exemple).

Les supports conseillés pour la prise par voie orale sont soit un comprimé neutre à croquer, soit du miel, soit une huile végétale (HV). 

En règle générale, il est conseillé de ne pas dépasser 2 gouttes par prise, 3 ou 4 fois par jour maximum pour un adulte et 1 goutte par prise 3 fois par jour pour un enfant (sachant que les HE sont contre-indiquées chez les enfants de moins de 7 ans). 

Il existe des formes pharmaceutiques permettant la prise par voie orale d’huiles essentielles :

les gélules : elles sont préparées dans le cadre d’une préparation magistrale et sont constituées d’un mélange d’HE dans une poudre de type lévilite. La posologie recommandée est de 100 mg d’HE 2 à 3 fois par jour pour un adulte.

les capsules molles : elles sont préparées industriellement et contiennent entre 50 et 75 mg d’une ou de plusieurs HE. Les HE destinées à la voie orale doivent être prises en utilisation ponctuelle ou en cure de 3 semaines maximum suivies d’une semaine de pause.

La voie cutanée

Il s’agit de la voie de prédilection pour l’utilisation des HE. Elles sont lipophiles donc capables de traverser la peau et ses différentes couches pour rejoindre la circulation sanguine.

On peut appliquer les HE pures ou diluées selon les recommandations spécifiques de chacune sur des zones localisées ou bien en massages corporels ou dans le bain.

Pour l’application cutanée et les massages, on compte en général 2 à 4 gouttes pour les enfants (ex : orange douce) et 6 à 10 gouttes pour les adultes, que l’on mélange dans 2 cuillérées à café d’HV.

Dans un bain, il faut en général 5 à 10 gouttes en fonction de la taille de la baignoire, diluées systématiquement dans une base neutre pour bain.

Sécurité d’utilisation

La toxicité des huiles essentielles

Bien que les HE soient des composés naturels, elles ne sont pas sans risque. Certaines présentent en effet des toxicités qu’il faudra prendre en compte lors de leur utilisation. 

Les HE contenant des phénols (comme le thymol) sont dermocaustiques à l’état pur, il faudra donc les diluer dans une HV avant leur utilisation sur la peau. Elles peuvent également présenter une hépatotoxicité par voie orale, on les utilisera donc de manière limitée dans le temps. On pourra éventuellement les associer à une HE hépatoprotectrice comme l’HE de citronnier par exemple. L’effet protecteur de l’HE de citronnier sur la toxicité hépatique et rénale de l’aspirine a été démontré récemment.

Les HE contenant des aldéhydes aromatiques (comme le cinnamaldéhyde) sont également dermocaustiques et peuvent causer des irritations au niveau de la peau. Il conviendra de les diluer dans une HV avant leur utilisation.

Les aldéhydes terpéniques (comme le néral ou le citronellal) ont quant à eux une action lacrymogène et tussigène chez des personnes dites sensibles. 

Les HE contenant des cétones terpéniques (comme la verbénone, la menthone ou le camphre) sont à utiliser avec précaution en raison de leur neurotoxicité. A faible dose, elles vont être calmantes et sédatives, alors qu’à dose forte, elles deviennent neurotoxiques, stupéfiantes, épileptisantes. Cette toxicité est dépendante de la dose et se manifeste par accumulation de petites doses pendant longtemps. Elles sont également abortives pour certaines d’entre elles, notamment celles à base de thuyone. Les HE contenant des lactones présentent les mêmes risques de toxicité que celles contenant des cétones

Contre-indications et précautions d’emploi

Générales

Par principe de précaution, toutes les HE sont contre-indiquées (sauf exceptions) aux femmes enceintes et allaitantes, aux enfants de moins de 30 mois, aux personnes asthmatiques ou allergiques, ainsi qu’aux personnes sous traitement (hormones thyroïdiennes ou anticoagulants…). En règle générale, les HE ne doivent pas être utilisées chez les enfants de moins de 7 ans sans recueillir l’avis d’un spécialiste en aromathérapie.

Spécifiques 

En règle générale, chaque HE peut être utilisée de différentes façons mais tous les modes d’utilisations ne conviennent pas forcément à toutes les HE. 

Ainsi avant toute utilisation d’HE, il sera recommandé de s’assurer que le mode d’utilisation choisi convient à celle que l’on veut utiliser.

En effet, certaines HE ne peuvent pas être inhalées, d’autres ne peuvent pas être appliquées sur la peau, d’autres sont toxiques par voie orale. Les essences d’agrumes sont toutes photosensibilisantes, entrainant des réactions épidermiques après exposition au soleil. Après utilisation de l’essence de citron, de mandarine, de bergamote, de pamplemousse, d’orange douce ou d’orange amère, il est donc recommandé de ne pas s’exposer au soleil ou aux UV pendant au moins 6 heures. 

Les HE dermocaustiques peuvent provoquer des irritations cutanées très importantes. Il faudra systématiquement les diluer fortement avant toute application cutanée et ne jamais les utiliser en diffusion. 

Certaines HE présentent un fort potentiel allergisant, c’est notamment le cas des HE qui sont issues de plantes de la famille des Astéracées (comme l’achillée millefeuille par exemple). Ainsi pour les personnes présentant un terrain allergique ou une peau dite atopique, il sera conseillé d’appliquer quelques gouttes d’HE dans le pli du coude afin d’exclure une éventuelle réaction d’irritation. Les allergies respiratoires comme l’asthme interdisent l’utilisation en diffusion et en inhalation des HE.

Cas particulier de la femme enceinte

La grossesse est une contre-indication générale à l’utilisation d’HE. Il est en effet déconseillé de recourir à l’utilisation d’HE pendant les trois premiers mois. Au cours des mois suivants et pendant l’allaitement, il est préférable de limiter leur usage et de consulter un professionnel de santé avant d’en utiliser. La voie cutanée, l’inhalation humide, les voies orale, rectale et vaginale sont interdites. Seule l’inhalation sèche et la diffusion atmosphérique sont autorisées chez la femme enceinte ou allaitante.